Voilà un virus qui court aussi vite que la mondialisation.
Hier en Chine, puis en Corée, voilà le Covid-19 en Europe après avoir été signalé au Moyen-Orient. On redoute qu’il arrive bientôt sur les continents africain et sud-américain.
Sur son passage, des morts – fort heureusement assez peu pour le moment -, des populations inquiètes sinon paniquées et une économie qui tremble.
Comme elle tremble aujourd’hui au Cambodge.
Si, sur le plan sanitaire, le royaume reste pour l’heure épargné – un seul cas signalé puis traité à ce jour – sa croissance économique vacille.
L’industrie du textile dépend des matières premières venues de Chine. Qui n’arrivent plus à cause du Covid-19.
L’industrie touristique dépend des touristes chinois. Qui ne viennent plus à cause du Covid-19.
À cela s’ajoute toutes les activités dans l’immobilier, la construction et les services qui tournent au ralenti, toujours à cause du Covid-19.
Les autorités ont d’ores déjà revu à la baisse leur prévision de croissance économique et pris des mesures de soutien à l’industrie touristique.
Celles-ci ne doutent pas que, sur le long terme, l’économie chinoise n’en sera pas affectée et qu’il ne s’agit donc, pour le Cambodge, que d’un mauvais moment à passer.
Mauvais moment ?
Et s’il s’agissait au contraire d’un bon moment ?
Un bon moment à saisir pour réfléchir en profondeur sur la place du royaume dans l’économie mondialisée, et surtout sinisée pour ce qui le concerne.
Quel tourisme ? Tourisme de masse pour visites éclairs de touristes chinois dans les temples d’Angkor ou autre chose ?
Quelle industrie ? Industrie de main d’œuvre et d’assemblage, simple rouage jetable dans le flux de production mondiale à bon marché, ou autre chose ?
Et pour le reste, suffit-il de se montrer accommodant avec les investisseurs étrangers parce qu’ils paient le foncier au prix fort et empiler les projets de complexes immobiliers pharaoniques pour prétendre aménager le pays sans le réduire à une banlieue lointaine d’un empire voisin dont il n’aura que faire en cas de difficultés?
Le Covid-19 agit comme un traceur des maillons pourris de la mondialisation. N’ignorons pas ses signaux.